“Un journal édité et dirigé par des noirs.” (Jonathan Zadi, co-fondateur de Negus)

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Les réseaux sociaux frémissent à l’approche de la sortie de son magazine, ce 25 juin.. Déjà éditeur du bimestriel , Jonathan Zadi, est le fondateur de Negus, mensuel d’actualité se revendiquant du mouvement de la Négritude. Il a répondu en exclusivité aux questions de Totem-World.com

Comment définiriez-vous la ligne éditoriale de votre journal ? 

Nous offrons la parole librement à ceux qui ne l’ont jamais dans les médias traditionnels. Nous voulons surtout parler de la société avec un autre regard que celui que nous avons systématiquement dans toutes les rédactions. Pour la première fois en France un journal sera édité et dirigé par des Noirs.

Pourquoi avoir choisi ce moment pour lancer ce journal ? Y a-t-il eu un événement déclencheur ?

Je suis éditeur d’un magazine et j’ai été choqué d’apprendre qu’il n’y avait quasiment pas d’éditeur Noir en France. Je me suis dit, c’est pas normal, il faut faire un journal où les Noirs et tous ceux qui se sentent en marge pourront s’exprimer librement. Après il y a eu ma rencontre avec Booba. Il a été vraiment cool et m’a donné de bons conseils. Pour le business et entrepreneuriat il est à des années lumières. En gros, si tu as une idée arrête de perdre ton temps, il y aura toujours des gens pour te foutre des bâtons dans les roues, alors vas-y fonce. Et pour finir, ma rencontre avec Christian Dzellat, il est jeune, fou et talentueux. J’ai posé la question à mon associé pour voir s’il était chaud pour lancer une nouvelle publication il m’a dit texto “on fonce mon gars”.

Sur la forme, l’esthétique est de rigueur et le prix accessible. Est-ce stratégique? Comment vous financez-vous avec si peu de pub et un prix si bas (2.90e)?

Moi je viens du visuel, alors l’esthétique c’est hyper important. Faire un journal pour copier des trucs genre Libération, Figaro etc… Laisse tomber c’est impossible pour moi ils sont dépassés, tant sur la forme que sur le fond. Avec la team on voulait faire un journal, mais du futur. C’est à dire, être en avance visuellement et donner la possibilité d’avoir un point de vue nouveau. Nous on regarde vers l’avenir, la société change et eux ils ont du mal a s’adapter. Pour les tunes, on n’a eu aucune aide, zéro subvention! Même notre banque ne croyait pas en nous au début. On s’est accroché et aujourd’hui on est là. Avec de la détermination, on peut faire beaucoup de choses.

En défendant une ligne assez dure, ne craignez-vous pas d’attiser certaines tensions, peut-être même parmi les cultures afro ? (cf: les tribunes sur le franc CFA, le Kivu et Obama, qui sont par ailleurs des sujets très pointus) 

La ligne n’est pas dure, elle est juste nous. On a besoin de lire des choses vraies. Après c’est sûr, on ne peut pas plaire à tout le monde, on vient des médias, on sait comment ça marche. Nous sommes indépendants, pas mal de gens du métier m’ont déconseillé d’interviewer Kemi Seba et d’autres m’ont dit que l’interview de Booba était trop hard. Juste parce qu’ils disent leur vérité. On n’a aucune censure, on n’est pas fourbe, on est authentique. Et donc ce que tu lis chez nous, tu ne le liras certainement pas ailleurs. Pour les tensions, tu sais, on a l’habitude parce que quand tu fais, tu t’exposes a la critique. Il y a que quand tu ne fais rien qu’on te laisse tranquille. Néanmoins, en France, on reste quand même les premiers à donner la parole librement aux Noirs

Qu’avez-vous dit à Booba et Kémi Séba pour obtenir une interview ? Leur parole est assez rare dans les médias occidentaux influents.

Pour Booba c’est simple il avait aimé mon magazine donc pour l’avoir c’était facile. Et en plus Booba est le genre de mec à donner un coup de main si ton projet est concret et sérieux. Pour Kemi Seba c’est le fait de lui donner vraiment la parole sans essayer de le diaboliser. Moi j’aime me faire un avis sur ce que je lis ou ce que j’entends. Certains le diabolisent sans l’écouter ou le lire mais uniquement parce que les médias mainstream l’ont décidé. Moi en tant que journaliste et éditeur je dois aller là où les autres ne vont pas. Sinon tu arrêtes tout et tu fais du Drucker… Un truc sans âme et bien lisse..

Qu’est-ce qui explique selon vous qu’il y ait aussi peu de Noirs dans les médias français ? Ou que les cultures afro peinent à recevoir une couverture médiatique importante ?

C’est normal les médias parlent de ce qui les intéresse. Les Noirs ne les intéressent pas du tout, ou alors pour véhiculer des clichés uniquement. Des fois je me demande comment les Noirs peuvent attendre d’être présents dans les médias appartenant à des groupes qui vous pillent, vous volent et exploitent votre continent depuis des siècles.  Je me demande pourquoi les gens ne lancent pas leur agence de média, leur chaîne de télé, leur radio, leur journal à l’échelle nationale. Il faut arrêter de voir petit. C’est pas dur, puisque nous on est là. Des fois je me dis que ça arrange certains de se plaindre sans cesse, au lieu de passer à l’action, de créer et surtout de s’unir et avoir confiance les uns envers les autres. Car tout seul on ne fait rien, mais il faut avoir de l’humilité pour se dire “si j’unis pas mes forces avec tel ou tel frère, j’avancerai pas”.

Quels seront les prochains thèmes traités ?

Plein de sujets différents. J’en ai quelques uns qui me tiennent à cœur comme la falsification de l’histoire Égyptienne, le visage colonialiste de De Gaulle, l’assassinat de Thomas Sankara et aussi mettre en avant la réussite des jeunes africains aussi bien ici que partout dans le monde. C’est ultra important pour moi de montrer toute cette good vibe. On a une team où il y a de tout, donc on a beaucoup d’histoires à faire découvrir et à raconter. Des sujets qui nous touchent, nous Français d’aujourd’hui mais qui parfois viennent d’ailleurs. Il faut dire à Nadine Morano que les Blancs ne sont plus seuls en France. Il y a tout un tas d’enfants d’immigrés qui veulent exister et avoir leur mot a dire sur la scène médiatique. Je le sais parce que je bosse avec eux.

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