Tonjé Bakang (Afrostream) : Portrait d’un entrepreneur résolument pour la diversité

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Tonjé Bakang est un pro de l’entertainment. Vingt ans qu’il s’évertue à éduquer le monde par le divertissement. Cette année, parrainé par Fabrice Eboué, le jeune homme se spécialise dans la réalisation et la production audiovisuelles afro. Son projet, Afrostream, sonne comme l’aboutissement de dix ans d’engagement envers les communautés.

Le costard cravate, on oublie. Jean, perfecto en cuir clouté, et sac à dos. À première vue, Tonjé Bakang est loin de l’image que l’on se fait d’un entrepreneur. À 34 ans, le jeune homme dispose déjà d’une grande expérience dans le milieu de l’entertainment et de gros succès à son actif. Producteur pour le théâtre et la télévision, réalisateur, directeur artistique, il a touché à tout. Plus qu’un simple business man, il a fait de sa carrière un véritable engagement social. « J’ai toujours voulu apporter aux gens ce que j’ai eu la chance d’avoir naturellement avec ma famille. C’est à dire de l’éducation, de l’espoir. Et ça passe beaucoup par le divertissement ».

Ses parents lui ont toujours fait comprendre qu’aucun objectif n’était hors d’atteinte. Il les a pris pour modèle et ça lui a réussi ; alors aujourd’hui, à son tour, il veut montrer l’exemple. Ou plutôt montrer des exemples. Mettre en avant le parcours d’hommes et de femmes trop souvent laissés de côté par les médias traditionnels. Ainsi, « parce que des histoires les auront inspirées et à force de se questionner sur leurs origines, des individus dans le monde prendront confiance en ce qu’ils peuvent accomplir ». C’est comme ça qu’au fil des ans, la représentation des communautés est devenue son objectif premier.

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De là, on ne l’arrête plus. Fier : « Quand mes frères et soeurs partaient en vacances en colonie où à l‘étranger moi j’allais travailler gratuitement sur des films ». De tournages en tournages, il apprend les rouages du métier et se fait des contacts.

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Dix ans plus tard, la machine est en route. «Sur la scène humoristique il n’y avait pas beaucoup d’innovation et de diversité», BIM! Il créé le Comic Street Show ; première scène de stand up française qui met en avant des talents issus des minorités. Triomphe ! Jamel Debouzze reprend le concept. Véritable dénicheur de talents, Tonjé se met à faire du scouting d’artiste, écope les écoles de théâtre à la recherche de ce qu’il appelle des «personnalités». Il découvre alors Noom Diawara, Frederic Chau, Claudia Tagbo, Amel Chahbi, Patson, Fabrice Eboué ou encore Thomas Ngijol. BINGO encore ! Désormais, ces artistes font partis des comédiens les plus bankable de l’Hexagone. À croire que tel un alchimiste des temps modernes, tout ce que Tonjé Bakang touche se transforme en or !

L’aventure du web

Pourtant, depuis, le jeune entrepreneur a quitté la scène comique. Désireux de porter la voix des minorités au delà que les salles de théâtre, il se lance cette année sur le web. Son nouveau bébé, Afrostream, sera d’ici mai 2015, le premier service de vidéo à la demande (VOD) spécialisé dans la diffusion de contenus afro. Autrement dit, un site internet regroupant films, séries, documentaires et dessins animés réalisés par des descendants africains du monde entier et dans lesquels les noirs sont des héros. Pour lui, «on n’a pas besoin d’histoires comme The Fan avec Robert De Niro et Wesley Snipes dans lesquelles les Noirs sont les méchants. On en a déjà pleins, il faut que d’autres films existent». Et il n’est pas le seul à le penser : depuis sa création il y a un an, le concept a fait plus de 20 000 d’adeptes rien que sur les réseaux sociaux ! Des chiffres tellement encourageants que Tonjé et son associé Ludovic BOSTRAL (M6), ont été approchés par TF1. Un partenariat prometteur pour la start-up qui gagne chaque jour en crédibilité et cherche à rapprocher son destin de celui des géants du XXIème siècle comme Google, Facebook ou encore Uber.

Pour cela, Tonjé a bien compris qu’il ne devait pas se contenter de mettre des films à disposition. « Ce qu’on cherche à être c’est ce qu’on appelle full-stack. Partir de la source vers la diffusion avec le moins d’intermédiaires possible. Ce qui permet d’avoir une meilleure expérience. À partir de la relation que l’on a avec les abonnés, on est capable de produire les meilleures séries et de leur délivrer. Pour être en adéquation entre l’offre et la demande ». Et il a raison puisque «Lesways de Mimi», sa mini-série afro-française est en phase de devenir un vrai phénomène. Au point que son créateur envisage d’en faire, « en toute humilité » une figurine star la manière des Simpson ou de Family Guy. Mais là encore, cela ne lui suffit pas. Le jeune homme envisage déjà de varier ses activités au-delà de la production et de la réalisation : « Je fais une différence entre la société Afrostream et le service Afrostream. La société sera amenée à proposer d’autres concepts, d’autres idées. Peut-être même à investir dans d’autres start-up qui poursuivront le même objectif ». À son image, sa société touchera à tout pour mettre en avant la diversité.

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Sur l'auteur

Kessen Ndour

Ouverte sur le monde, curieuse de naissance et bavarde invétérée.